Rencontre
Nayla, la cantante libanesa
L'article de Carla HENOUD
Carla HENOUD
Elle a prêté sa voix à l’Espagne, où elle réside depuis des années, pour
chanter les louanges de son pays. Son premier CD « Ala maak » est un bel
hommage au Liban.
Elle a quitté son cher Liban depuis 20 ans. Des années vécues en France,
Chartres et Mougins, avant d’embarquer pour l’Espagne. Un hasard de la vie,
le transfert professionnel de son époux, et, pour elle, un rêve d’enfant qui
se concrétise, car elle a toujours aimé ce pays, sa langue, sa culture. En
dépit de ce long exil, Nayla, de son nom complet Nayla Tahan Attié, n’a rien
oublié du Liban, ses chansons et son charme. Son attachement est intact, de
même que sa nostalgie et son patriotisme. À peine arrivée à Madrid, un
déclic se produit. « Mes enfants avaient grandi et n’avaient plus autant
besoin de moi. J’ai commencé par prendre des cours de flamenco. » Et puis un
jour, immobilisée, la jambe dans le plâtre, en essayant de combattre
l’ennui, Nayla commence à tapoter sur un piano, « avec la main droite,
précise-t-elle. La gauche est pauvre ! ». Des airs familiers ressortent,
comme par magie, car elle n’avait jamais pris de cours. « Comme j’avais pris
des cours de journalisme, je me suis mise à écrire des poèmes. » De la
composition à la chanson, le pas est vite franchi. Nayla « organise » son
premier CD, avec des chansons à elle, Baila conmigo, Ala maak, Habibi, Solo
para ti, Mon chéri, te quiero et Le poids de mes années. Et des reprises de
classiques libanais, Nehna wel amar giran, Ya rayeh et l’indélébile Li
Bayrout. Le CD, qu’elle a elle-même produit, a été présenté au public
espagnol le 31 octobre dans une salle mythique de Madrid, la Galiléo Galilei.
« J’étais au Liban le 12 et je suis repartie sous les bombes avec le projet
du disque. C’était déjà pour moi un message rapporté aux Espagnols. » Le
disque est un mélange de boléro, de rumbita et de bossa nova couleurs Orient.
« Li Bayrout »
Parler du Liban, montrer son vrai visage, « devenir un pont culturel et
musical » entre le pays du Cèdre et celui de la corrida sont depuis
longtemps une mission que Nayla remplit avec passion. Concerts, conférences-concerts
dans des centres culturels, où, outre chanter, elle explique aussi
l’histoire, la gastronomie, la culture du Liban. Elle a participé à de
nombreuses actions humanitaires, organisé des concerts de solidarité avec le
Liban, dont les sommes récoltées ont été versées à des associations
libanaises. Enfin, durant huit mois, elle a animé sa propre rubrique à la
radio Cardena Ser. Sur toutes les photos de ces différents évènements, Nayla
porte sur elle le drapeau libanais, brandit sa nationalité et sa fierté,
partage son enthousiasme pour le Liban. Son sourire s’illumine, ses yeux
bleux s’éclairent quand on lui parle de son pays. Son émotion ressort quand
elle s’entend chanter Li Bayrout.
Après les évènements de Nahr el-Bared, la chanteuse a composé un nouveau
titre Liban, réveille-toi, cri et appel à toutes les consciences. « Car pour
moi, dit-elle, le Liban est comme un enfant qui se noie, sort la tête de
l’eau, reçoit un coup et se met à nouveau à se débattre dans ses eaux… Quand,
lors d’un concert ou d’une conférence, je réussis à donner à un Espagnol sur
les 350 présents l’envie de venir au Liban, je suis comblée ! Et ça marche…
»
*« Ala maak », produit par Music Master, est en vente dans tous les Virgin
Megastore